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Ex-libris et Polaris
27 septembre 2010

#09-2010 booklist (2)

Petite séance de rattrapage après le gros des parutions de septembre. Entre les sorties discrètes de maisons moins connues et une rentrée un peu confuse chez d’autres, de nouveaux ouvrages scandinaves traduits ont débarqué chez vos libraires préférés. Quant à la ruée éditoriale sur les romans noirs couronnés en Suède, elle continue.

 

 

#  Islande


Saga_d_Oddr_aux_Fl_chesSaga d'Oddr aux flèches, aux éditions Anacharsis (collection Famagouste). Traduit de l’islandais par Régis Boyer. Paru le 24 septembre 2010. 224 pages. 21,00 €. ISBN : 978-2-914777-67-4.


Cette saga met en scène le viking Oddr à travers la Bjarmaland, sorte d'Atlantide nordique, peuplée de magiciens sauvages aux mystérieux rites chamaniques. Après avoir fondé sa propre légende dans la Bjarmaland Oddr bat la campagne de l’Angleterre à l’Irlande, de l’Aquitaine au Groenland, en passant par la Russie et Byzance, avec une pointe jusqu’à Jérusalem. Tempêtes, batailles, coups de mains, pillages et duels, toutes ses pérégrinations sont ponctuées d'une vendetta jamais assouvie entre Oddr et le maléfique Ogmundr, descendant d’une lignée de trolls et qui sera cause de la mort des êtres chers à Oddr.


> En savoir plus. Après La Russie des Vikings, saga d’Yngvarr le grand voyageur suivie du Dit D’Eymundr Hringsson, des textes présentés et traduits de l’islandais ancien par Régis Boyer (livre paru le 23 octobre 2009), la petite maison toulousaine poursuit ses romans d’aventures basés sur les ancestrales sagas. Un choix éditorial qui colle bien à la définition que se donne Anacharsis : « Se réclamant volontiers de la notion d’exotisme, nos publications invitent à la découverte d’un extérieur aussi bien situé dans le temps que dans l’espace, tout en laissant sa place au plaisir pur de la lecture ».

Si le merveilleux prédomine ici, c’est par la grâce de la fantaisie sans frein que le narrateur s’autorise dans les voyages d’Oddr au cœur de pays imaginaires – dont le paradigme est sans nul doute le pays des géants où, préfiguration de Gulliver, Oddr, malgré sa taille, aura un fils d’une géante.

Les vannes ouvertes de cette déferlante de mythes, légendes ou contes populaires immémoriaux n’entravent en rien la rigueur de la structure narrative du récit, forgé au XIIIe siècle dans un style voué à l’enchaînement continu de l’action, où l’économie des phrases, et la vigueur des formules travaillent ensemble à une écriture d’une stupéfiante force évocatrice.

Selon toutes apparences, Oddr ne fut par pour autant uniquement une légende, et l’époque viking connut sans doute un personnage homonyme dont on garda longtemps la mémoire.

Les deux sagas proposées en accompagnement de celle-ci présentent de façon bien plus succincte le grand-père (Ketill le Saumon) et le père (Grimr à la Joue velue) d’Oddr, dont on ignore si elles furent composées avant ou après la Saga d’Oddr aux flèches. On sait, en revanche, que là encore ce sont de brillantes sagas légendaires : les aïeux d’Oddr aux flèches sont avant tout de grands tueurs de monstres…


> Lien. Site de l’éditeur.

 

 


 

#  Norge

 

 

Les_filles_du_pr_fetLes filles du préfet de Camilla Collett, aux éditions Zoé (collection Les classiques du monde). Titre original : Amtmandens Døttre. Traduit du norvégien par Eric Eydoux. Paru le 23 septembre 2010. 450 pages. 24 €. ISBN : 978-2-88182-679-5.


Dans les années 1830, le jeune Georg Kold s’installe dans la famille du préfet Ramm comme fondé de pouvoir et précepteur des enfants, dont la cadette Sofie. Un fort élan amoureux pousse les deux jeunes gens l’un vers l’autre, mais se heurte à une société où le sentiment est regardé comme une faiblesse typiquement féminine dont il convient de se préserver.


Camilla_Collett> Bio. Née à Kristiansand en 1813 (morte à Christiania en 1895), Camilla Collett a grandi dans une famille de la bonne société norvégienne. Elle découvrit la Norvège à l’âge de 4 ans, quand son père s’installa à Eidsvoll comme prêtre (Parish). Son père Nicolai Wergeland s’exerça à la théologie, la politique et composa de la musique. Jacobine Camilla Collett, née Wergeland, est la sœur du grand poète romantique norvégien, Wergeland. Femme de lettres reconnue qui influencera Ibsen, elle fait figure de visionnaire. En 1868, elle qui tenait à se distinguer d’une « George Sand hyperboréale » écrira : « Un incommensurable avenir se trouve devant la femme, un avenir qui donnera au monde un autre visage. Actuellement, des milliers de forces demeurent inutilisées et sont gâchées lamentablement… » Elle mourra dans le dénuement.


> En savoir plus. Camilla Collett n’a publié qu’un seul roman, le reste de son œuvre étant composé d’essais, d’articles ou de ses mémoires. Mais quel roman ! Lorsque Les Filles du préfet paraît en Norvège, d’abord anonymement en deux parties, en 1854 puis en 1855, il fait l’effet d’un véritable coup de tonnerre. Premier roman de la littérature norvégienne écrit par une femme, premier roman féministe, il est aussi considéré comme l’un des premiers romans politiques norvégiens. Il campe une initiation sentimentale délicate, mais hautement dérangeante pour l’époque.
Camilla Collett s’est inspirée de sa propre vie sentimentale pour écrire ce roman resté célèbre qui dénonce les sociétés patriarcales, de manière générale, et les mariages forcés en particuliers.


> Lien. Site de l’éditeur, Zoé, maison suisse créée en 1975 et basée à Carouge (canton de Genève).

 

 

Au_Pays_des_ContesAu pays des contes (sous-titre : choses rêvées et choses vécues en Caucasie), de Knut Hamsun, paru chez Grasset (N°301 de la collection Les Cahiers rouges), le 22 septembre 2010. Titre original : I Æventyrland, oplevet og drømt i Kaukasien.  Traduit du norvégien par Sigrid R. Peyronnet. 224 pages. 8,60 €. ISBN : 978-2-246-58752-1.

 

De Moscou à Bakou, c'est un voyage de fou, entrepris il y a un siècle. Écrit en 1903, ce récit de voyage est issu des tribulations d’Hamsun dans le Caucase, en Turquie et jusqu’en Perse, en 1899.


> En savoir plus. Au Pays des contes (1903) aurait pu s’intituler « Les Tribulations d’un Nordique en Russie ». De Moscou à Bakou, c’est un périple fantaisiste, en chemin de fer et à cheval, dans le Caucase d’il y a un siècle. Rien n’échappe au narrateur, ni les troupeaux, ni les grands espaces, ni l’accoutrement des femmes Tatars... La moindre anecdote (une montre obscène, des petits vendeurs de cristaux) lui saute aux yeux - des yeux malicieux car le voyageur ne se départit jamais d’une joyeuse ironie. Il joue avec les décors et le lecteur, bascule au détour d’une page, à la faveur d’une fièvre, dans des tableaux oniriques à la limité du délire, respectant le cahier des charges du sous-titre : Choses rêvées et choses vécues en Caucasie. Ce récit mouvant part donc dans tous les sens, bifurquant même vers un petit essai critique sur les mérites de Tourgueniev, Dostoïevski et Tolstoï. En fait, Hamsun exploite les qualités qu’il prête au peuple russe : « spontanéité », « faculté de déraillement », « aptitude à l’absurde »...

C’est drôle, alerte, vif, écrit au présent. Ce livre déroutant fait miroiter tous les talents, toute la verve d’un grand écrivain.


> Bio. Le Norvégien Knut Hamsun (1859-1952), fils de paysans pauvres, exerça plusieurs métiers avant de s’embarquer pour l’Amérique où il resta deux ans. Autodidacte, il devient écrivain. Son premier roman, La Faim (1890) lui vaut la gloire. Suivront Mystères, Pan, Victoria, La Dernière joie, Les fruits de la terre. En 1920, il reçoit le prix Nobel de littérature. Il fut longtemps considéré comme le génie littéraire norvégien, “père” du roman moderne. Knut Hamsun obtint le prix Nobel de littérature en 1920 pour Markens grode (L'éveil de la glèbe). Sa collaboration au régime nazi (il rencontra Hitler et offrit sa médaille de prix Nobel à Goebbels) ternit considérablement la fin de sa vie ; il fut le triste héros d’un procès retentissant.


> En savoir plus. Gaïa, qui a publié Mystères en juin dernier avait également proposé, en février 2010, une biographie de Knut Hamsun, signée Ingar Sletten Kolloen : Knut Hamsun, rêveur et conquérant. Traduit du norvégien par Éric Eydoux (768 pages, 28 €, ISBN 978-2-84720-158-1). En février 2010, Gaïa avait également publié Victoria (traduit du norvégien par Ingunn Galtier et Alain-Pierre Guilhon. 128 pages. 14 €. ISBN 978-2-84720-159-8). Gaïa a annoncé, en outre, dans ses parutions prochaines (sans précision de date encore), sont intention de publier Le dernier chapitre, roman de 1923 de Knut Hamsun, plus connu sous le titre de Un air si pur.


 


 

# Suède


Le_cri_de_l_engouleventLe cri de l'engoulevent de Kjell Eriksson, polar paru chez Gaïa. Traduit du suédois par Philippe Bouquet. Titre original : Nattskärran. 384 pages. 23 €. ISBN 978-2-84720-177-2. Roman initialement annoncé pour le 2 octobre par l’éditeur, mais déjà paru (le 21 août selon Mollat).


« Qui a vu l'engoulevent voit sa mort », dit un proverbe tant suédois qu'iranien à propos d'un oiseau connu aussi pour annoncer le printemps. La ville tranquille d'Uppsala est le théâtre d'une série d'actes de vandalisme. Les vitrines de la rue commerçante volent en éclats et un jeune homme est retrouvé assassiné. Des groupes néo-nazis aux populations immigrées, tout le monde est suspecté, jusque dans les rangs de la police. À peine revenue de congé parental, la commissaire Ann Lindell partirait bien en vacances : elle peine à calmer les ardeurs de son collègue Ola, et on vient de l'inviter en voyage en Thaïlande. Qui ? Le bel Edvard. Son amant perdu, le seul homme avec lequel elle aurait bien voulu vieillir.


> En savoir plus. Après La terre peut bien se fissurer (paru chez Gaïa le 15 mai 2007), annoncé d’ailleurs en poche chez Babel Noir en ce prochain mois d’octobre (après la parution en poche chez Babel Noir, toujours, du Cercueil de pierre, le 3 février 2010), Kjell Eriksson nous offre ici une nouvelle enquête du commissaire Ann Lindell. Actes Sud avait également publié La Princesse du Burundi, en septembre 2009. Ce polar situait également l’action à Uppsala. Mais en plein congé maternité de la commissaire Lindell, c’est Ola qui avait été chargée d’enquêter… la jeune maman-commissaire n’avait cependant pas pu s’empêcher de reprendre du service.


> Bio. Kjell Eriksson, de son vrai nom Karl Stig Kjell Eriksson, est né en 1953 à Uppsala (Suède). Employé dans l’aménagement paysager, des quelques courts textes qu’il écrit sur un journal syndical à un reportage qu'il réalise sur la vie d'agriculteur, il franchit le pas et troque le sécateur contre la plume. « Je suis entré dans le monde littéraire par la porte de derrière », confie-t-il, en juin dernier, dans une interview à Gaïa qui l’édite en France. Mais très vite, il laisse pousser ses idées et devient prolifique. Entre 1999 et 2009, il a ainsi écrit dix romans policiers, un documentaires et deux autres fictions. Il faut dire que ses débuts littéraires ont été encourageants. Dès 1999, il reçoit en effet le Prix du meilleur premier roman policier suédois et, dès son second, La terre peut bien se fissurer, son personnage principal prend l'épaisseur, la stature et la crédibilité des vrais héros de polars. En 2002, c'est le couronnement. Pour La Princesse du Burundi, Kjell Eriksson se voit décerner le Prix du meilleur roman policier suédois (Bästa svenska kriminalroman) de l’Académe suédoise d’auteurs de romans policiers. Sept de ses dix romans policiers ont été nominés à cette prestigieuse distinction.


> Lien. Les éditions Gaïa proposent les premières pages de l’ouvrage sur leur site, ici.

 


Bonne_nuit_mon_amourBonne nuit, mon amour, d’Inger Frimansson, paru chez First éditions (Collection Thriller Noir Suspens), le 9 septembre 2010. Titre original : God natt min älskade (1998). ISBN 978-2-7540-1904-0. 396 pages. 21,90 €.


Une vieille dame harcelée jusque dans sa maison de retraite. Un homme transpercé par une fléchette empoisonnée. La maîtresse de ce dernier, retrouvée baignant dans son sang. Une ancienne camarade de classe qui se fracasse le crâne. Le mauvais sort semble s'abattre sur l'entourage de Justine Dalvik... Simples coïncidences ? Et si la réponse était à chercher dans le passé de la jeune femme ?

Justine Dalvik, la quarantaine, a toujours vécu au même endroit. Depuis le décès de son père et le placement de sa belle-mère en maison de repos, elle vit seule dans les murs de son enfance, avec pour seul compagnon, un corbeau. Une vieille fille ? Cela aurait pu, mais non : cette histoire n'a rien d'ordinaire. Elle commence en Suède, au bord d'un lac.

Le cœur de Justine est plein de cicatrices. Dès son jeune âge, la douleur s'agrippe à elle. Il y a d'abord, à ses trois ans, le décès de sa mère. Puis la haine de sa belle-mère, qui la fouette et l'enferme à la cave. Les camarades d'école, qui ne sont pas tendres avec elle. La liste des malheurs de Justine est longue ...

Et maintenant, tous ces drames qui s'abattent autour d'elle : disparitions en série, accidents tragiques... Justine connaîtra-t-elle un jour la paix intérieure ? L'amour véritable ? Est-elle réellement étrangère au « mauvais sort » qui s'abat sur ses proches ?


> En savoir plus. Ce roman a reçu, en 1998, Le Prix du meilleur Roman policier suédois (Bästa svenska kriminalroman) de l’Académe suédoise d’auteurs de romans policiers. Le jury avait motivé sa décision par le fait qu’il s’agissait là d’ « un thriller psychologique sur l'égarement et la vengeance qui s'empare du lecteur et ne le lâche plus ».


> Bio. Inger Frimansson est née à Stockholm le 14 novembre 1944, mais a surtout grandi dans le centre de la Suède. Aujourd’hui installée avec son mari à Södertälje, au sud de Stockholm, elle a publié sept romans depuis 1984 et son premier livre (Dubbelsängen, Le lit double). Au total, en comptant ses recueils de poésies, ses nouvelles et ses livres pour enfants, Inger Frimansson a publié près de vingt-cinq ouvrages. Bonne nuit, mon amour, est son premier livre publié en français. Elle a été journaliste pendant une trentaine d’années. Son dernier roman, non traduit en France (Skuggan i vattnet, L'ombre dans l'eau),  paru en 2005,  a été publié en feuilleton de l'été, sur 57 numéros, par le grand quotidien suédois Svenska Dagbladet. Il a également été couronné du Prix du meilleur roman policier suédois.

 

> Liens. Sur le site de l’éditeur, on peut feuilleter quelques pages.

Le site de l’auteur est ici.

 

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